Le presbytère

Presbytère de Bisel

Histoire et Restauration

 Histoire

L’existence d’un presbytère à Bisel est le résultat de cinquante ans de lutte. L’édifice sert de preuve de la pleine reconnaissance du village comme entité administrative à part entière1, mais aussi de symbole d’unification du village.

Avant le XIXème siècle, Bisel était divisé en deux parties, chacune soumise à une autorité administrative extra-muros. La Largue faisant office de frontière,2 Bisel-Ferrette dépendait de la paroisse de Seppois-le-Bas alors que BiselHirsingue était relié à celle de Hirsingue. Bien que la chapelle de Saint Colomban de Bisel aurait existé depuis le XIVème siècle, l’office y fut récité irrégulièrement et par un délégué du vicaire résidant Seppois-le Bas. 2

Puisque la vie quotidienne à l’époque prérévolutionnaire était régulée par des obligations envers l’institution religieuse, les habitants des deux rives de Bisel étaient contraints d’effectuer leurs devoirs religieuses (baptêmes, mariages, enterrements, offices obligatoires des jours de fête, fête patronale de la paroisse…) soit à l’église de Seppois-le-Bas soit à celle de Hirsingue, sous peine d’amende3

Le trajet d’alors représentait trois quarts d’heure de marche entre Bisel et Seppois-le-Bas, tandis que de Bisel à Hirsingue, le voyage prenait une heure et quart4.  Les chemins étaient difficilement praticables en hiver alors que « seuls les malades et les personnes légalement dispensées étaient autorisées à satisfaire à leurs devoirs ces jours-là en écoutant la messe basse lue chez eux. »4  

Ces contraintes, trop lourdes pour ceux qui habitaient aussi loin, motivèrent le dépôt d’une plainte en 17484,  auprès du prince-évêque de Bâle revendiquant l’attribution d’une paroisse indépendante. Demande refusée. La création d’une cure pour seul Bisel allait à l’encontre des intérêts de Seppois-le-Bas et de Hirsingue lesquels résidaient dans le partage de la dîme issue de Bisel.4

En 1791, une nouvelle plainte fut déposée, dont les motivations reposaient sur une assistance trop conséquente aux offices Biselois par des habitants de Moos et de Niederlarg y rendant l’assiduité des riverains difficile faute de place. 4 La création d’une cure aurait été accordée en 1803,5 marquant à la fois l’unification et l’émancipation du village. 

En 1819, le conseil municipal de Bisel décida du budget pour l’entretien d’un prêtre. Fussent attribué au prêtre «  600 francs…, 12 quartauts de blé…deux champs, [et] un logement convenable en attendant l’autorisation de construire un presbytère… »5

Une demande de construction aurait été déposée auprès du préfet du Haut-Rhin en 1822.5  Monsieur Wagner, Architect d’Altkirch en aurait dessiné les plans, lesquelles aurait été exécutés par le Maître Maçon Eggenspieler de Pfetterhouse.5 Le presbytère apparaît sur les cartes cadastrales de l’état-major,6  et sur les plans napoléoniens de 1830.7 Le coût de sa construction aurait été de 5405,05 francs5 .

Habité à partir de 18408 (1841)5 et jusqu’en 1973 par des curés successifs, le presbytère aurait été mis en location à partir de 1973.9

Le presbytère de Bisel est répertorié dans l’inventaire du patrimoine architectural de la base Mérimée10 depuis 1996.

 

                                                          

1 paroisse : unité administrative rurale de l’Ancien Régime. La paroisse avait la plupart des fonctions de la commune. (Le Petit Robert, 2015) 2 Page 207, Les Paroisses du canton d’Hirsingue, François Joseph Fues, 1879, imprimerie Sutter, Rixheim, France.

3 Faisant référence à l’observation obligatoire du jour de la fête communale, « et quiconque travaille ce jour-là sera puni de dix livres ».  (Page 207, Les Paroisses du canton d’Hirsingue, François Joseph Fues, 1879, imprimerie Sutter, Rixheim, France.) 4 Page 91, Les Paroisses du canton d’Hirsingue, François Joseph Fues, 1879, imprimerie Sutter, Rixheim, France.

  1. Pages 323-334, Annuaire de la Société d’Histoire du Sundgau, Ed. 1996, « L’église de Bisel », J. Berbett et S. Goepfert, Alsagraphic, Riedisheim. (Absence de références bibliographiques dans l’article ci-cité.)
  2. Disponible sur géoportail.fr
  3. https://archives.haut-rhin.fr/ark:/naan/a0114997815100jSzvX/b86336647d
  4. Page 232, Les Paroisses du canton d’Hirsingue, François Joseph Fues, 1879, imprimerie Sutter, Rixheim, France. 9 Page 72, Bisel à travers les âges, B. Burschy, Ed. Alsagraphic 2000, Riedisheim, 2003.

10 https://mediatheque-patrimoine.culture.gouv.fr/immeubles-monuments-historiques 

 

Restauration 

Le presbytère aurait été rénové par trois fois : en 1849, 1895, puis en 19545.

En 2008 lorsqu’il a été vendu au premier propriétaire privé, Mme Diane Merceron, le bâtiment se trouvait en grand besoin de réfection. Elle a effectué la rénovation de la couverture tout en sauvegardant la charpente en chêne d’origine, des ouvertures (portes et fenêtres), de l’électricité et de la plomberie tandis que la plâtrerie et les boiseries intérieures ont été restaurées au plus près de leur état d’origine.

En 2016, le presbytère a été acheté par M et Mme Irwann Le Bouquin qui, dans l’objectif de restaurer l’extérieur du presbytère au plus près de son état d’origine, ont consulté de nombreux photographies historiques et ont cherché l’avis de l’architecte et conseiller en patrimoine historique pour la Collectivité Européenne d’Alsace, Monsieur Christian Fuchs. Par ailleurs, il a fait connaître le Plan Patrimoine 68 « destiné à soutenir les opérations de sauvegarde et de restauration du patrimoine haut-rhinois » 11 porté par la Collectivité Européenne d’Alsace (CeA).  Le projet de restauration du presbytère de Bisel a été retenu par la Commission de la Direction de la Culture et du Patrimoine de la CeA qui y a attribué une subvention de 20% du coût des travaux.

La restauration a été effectuée par des artisans locaux spécialisés dans la sauvegarde du patrimoine haut-rhinois.  L’ancien crépi datant de 1954 a d’abord été retiré pour dévoiler celui d’origine permettant d’en identifier la nature et la couleur exactes avant piquage complet du bâtiment. Ainsi un crépi à la chaux, teinté dans la masse avec la couleur du terroir, a été appliqué par couches successives en façade. Tailleur de pierre, Hubert Gardere12 de Muespach a taillé et posé des pierres naturelles régionales pour remplacer les assises de fenêtre fendues ainsi que le seuil disparu. Un escalier d’entrée en pierres massives naturelles bouchardées et charruées à la main a été posé. Pierre Grisweg de Lutter13, Serrurier et Ferronnier d’Art a conçu et forgé selon la tradition manuelle, la rambarde d’escalier en accord avec le style et les dimensions typiques du XIXème siècle dans le Haut-Rhin. Les volets, persiennes traditionnelles, ont été fabriqués sur mesure par une entreprise locale spécialisée, Volpro de Spechbach. Bien qu’à ce jour il manque, en couverture de toit, des tuiles traditionnelles alsaciennes (biberschwanz) et la réfection du muret de clôture, le bâtiment est en bonne voie de restauration. Le presbytère de Bisel n’est certes pas un bâtiment très ancien, ni n’est-il unique en son genre14. Il ne présente aucune caractéristique architecturale exceptionnelle et n’a pas été bâti d’une manière exemplaire. Cependant, il est significatif dans ce qu’il représente pour l’histoire de la commune. Etant donné que les trois quarts de Bisel ont été détruits pendant la Première Guerre mondiale15, n’est-il pas pertinent de sauvegarder le patrimoine, aussi humble soit-il, qu’il nous reste ?

 

Si vous avez d’anciennes photographies du presbytère et/ou des anecdotes à partager,  M et Mme Le Bouquin seraient heureux de vous accueillir. (09.77.63.08.07)

                                                          

  1. https://www.haut-rhin.fr/sites/haut_rhin/files/PP68.pdf
  2. https://www.tailleur-de-pierre.fr/
  3. Pierre Grisweg apparaît dans une émission 19/20 de France 3 Alsace:

https://www.youtube.com/watch?v=AmsRwHt7SGs&ab_channel=France3GrandEst

  1. Au contraire, le presbytère est prototypique, partageant les mêmes plans que la plupart des presbytères construits durant le XIXe siècle.
  2. Page 553, Le Patrimoine des Communes du Haut-Rhin, Tome 1, Collection Le Patrimoine des Communes de France,  Flohic éditions.
  3. Photographie (env. 1955) parue dans Bisel à travers les âges, B. Burschy, Ed. Alsagraphic 2000, Riedisheim, 2003.

 

 

 

Raquel Willhite Le Bouquin_29 octobre 2022

Date de dernière mise à jour : 17/03/2023